Comment expliquer la faible mortalité liée au Covid-19 à Madagascar ?

Article : Comment expliquer la faible mortalité liée au Covid-19 à Madagascar ?
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8 juin 2020

Comment expliquer la faible mortalité liée au Covid-19 à Madagascar ?

L’autre jour avec mon oncle on regardait les informations concernant  le Covid-19 à la télé, il s’avère que le nombre des nouveaux cas augmente de jour en jour sans qu’il y ait heureusement des décès. Pour mon oncle, cette histoire est juste une invention de l’État. Selon lui, si c’était vraie, on compterait les morts par milliers comme dans les pays industrialisés, ce qui est loin d’être notre cas.

map of confirmed death SOURCE : Dan Polansky and autours of file blankmap-world.svg .CC BY SA 4.0

« Le meilleur conseil pour l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès maintenant », a affirmé le Dr Tedros adhanom ghebreyesus le directeur de l’OMS le 18 mars 2020, à l’heure où l’Afrique faisait  face à ses premiers cas importés du Covid-19, il a rajouté : « L’Afrique devrait se réveiller. Mon continent devrait se réveiller ».

Le 16 avril, l’OMS annonce une estimation provisoire quant à l’évolution de la crise en Afrique, celle-ci projette le nombre de cas à 10 millions au bout de 3 à 6 mois.

Le 31 mai, à 3 mois du premier cas sur le continent, le nombre total de cas de Covid-19 en Afrique est de 142 070 cas pour 4 077 morts, bien loin des chiffres annoncés par l’OMS. Sur son site internet, France 24 s’est même interrogé : pourquoi la catastrophe annoncée ne s’est pas manifestée ?

Le 7 mai, après révision de ses estimations, l’OMS annonce que si l’épidémie n’est pas maitrisée, elle fera  entre 29 à 44 millions de cas et 83 a 190 milles morts en une année.

Selon worldometers, le 1er juin Madagascar comptait 826 cas pour 6 morts pour une population totale de 27 624 966 habitants soit 0,2 morts pour un million d’habitants. Si on oubliait le fait que le nombre des cas ne cesse d’augmenter, on pourrait presque dire que Madagascar s’en sort plutôt bien, du moins pour le moment.

Mais comment expliquer la faible mortalité liée au SRAS-CoV-2 ?

Les statistiques ne sont pas très fiables

Certes en termes de statistique il y a toujours une marge d’erreur, mais à Madagascar cette marge est assez large. Le fait est que l’on manque cruellement de test comparé à d’autres pays.

À 2 mois et 11 jours du premier cas, Madagascar n’a effectué que 10 249 tests dont 826 positifs pour 27 millions d’habitants, soit 371 tests pour 1 million d’habitants, ce qui nous classe parmi les 11 pays les plus en retard en termes de campagne de dépistage, avec le Yémen, le Soudan, le Burundi, le Lesotho, le Mali,  le Niger, le Nigeria, le Sud-Soudan, l’Angola et le Mozambique.

C’est avec ce déficit de dépistage que l’on fait face à un virus dont les victimes peuvent infecter 2,3 personnes et ce même 14 jours avant qu’ils ne présentent des signes, ce qui est favorable à une propagation silencieuse du virus. De plus, les personnes présentant les symptômes ne vont pas tous aux centres de référence, voire ne pas consulter du tout, préférant la tisane et l’automédication. Certains ont carrément peur d’aller à l’hôpital à cause des préjugés selon lesquels, les personnes hospitalisées pour le Covid-19 souffrent en fait d’autres maladie similaire comme la grippe ou la dingue.

Tout ceci ne fait qu’augmenter le nombre des porteurs du SRAS-CoV-2, et donc des potentiel décès liées à la pathologie, et ce en marge des chiffres officiels.

Une faible incidence des facteurs aggravants

Le facteur aggravant principal étant l’âge et certaines pathologies, telles que l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies vasculaires cérébrales et coronaires, la jeunesse de la population malagasy pourrait être en partie responsable du faible nombre des décès liés au Covid.

En effet, on a observé en Chine, pays d’origine de la pandémie, que la mortalité augmentait avec l’âge. Le même constat a été fait au États-Unis qui est le pays le plus touché à l’heure actuel.

pyramide des âges Madagascar 2018 SOURCE : perspective monde université de sherbrooke/

 Dans l’État de New York, en analysant la répartition des décès par âge et par état, nous pouvons observer comment, sur 15 230 décès confirmés à New York jusqu’au 12 mai, seuls 690 (4,5% de tous les décès) sont survenus chez des patients de moins de 65 ans qui n’avaient pas de condition médicale sous-jacente (ou pour lesquels on ne sait pas s’ils avaient ou non une condition sous-jacente). les maladies sous-jacentes comprennent le diabète, les maladies pulmonaires, le cancer, l’immunodéficience, les maladies cardiaques, l’hypertension, l’asthme, les maladies rénales, les maladies gastro-intestinales et hépatiques et l’obésité.

Une possible immunité due au BCG

Je dis bien possible, pour rappel, le BCG est un vaccin contre la tuberculose humaine découvert par un médecin et un vétérinaire, Albert Calmette et Camille Guérin en 1921. Ce vaccin est fait à partir d’une souche de mycobacterium bovis l’agent responsable de la tuberculose  bovine ayant été atténué.

À la différence de la plupart des vaccins, celui-ci n’entraîne pas de réactions immunitaires humoral, c’est-à-dire qu’il ne stimule pas l’activation des lymphocytes B en plasmocytes pour produire des anticorps spécifiques contre le germe pour  lequel il a été développé  mais sollicite essentiellement l’immunité cellulaire, ainsi il stimule l’activation des lymphocytes T qui suite à des différentiation vont donner des Lt4 ou Lt8 en fonction des molécules présents sur leurs surfaces. Les Lt4 ou lymphocyte T auxiliaire ont la  capacité de faire intervenir d’autres cellules immunitaires et ou de produire des substances chimiques (cytokine, interférons…), les Lt8 quant à eux, ont entres autres la capacité de se différentier en cellules cytotoxiques qui peuvent détruire les cellules infectées.

Peu après le premier usage du BCG en 1921, des études épidémiologiques ont révélées une diminution de la mortalité globale au-delà de l’incidence de la tuberculose. la protection non spécifique conférée par certains vaccins, essentiellement vivants atténués, est un fait actuellement admis. Ces vaccins sont capables, outre la protection attendue contre le germe contre lequel ils ont été développés, de protéger contre d’autres microorganismes par un processus immunitaire non spécifique. La vaccination contre la rougeole introduite dans les pays du tiers monde a réduit la mortalité infantile dans des proportions qui vont bien au-delà de l’effet attendu lié à la réduction d’incidence de la rougeole et de ses complications.

L’hypothèse d’une possible immunisation due au BCG part du constat que l’impact du COVID varie en fonction des pays, et que cela puissent être en rapport à leurs politique nationale de vaccination infantile. En effet, les pays durement touchés par la pandémie comme les États unies, l’Italie, le pays bas n’applique pas une vaccination universelle au BCG.

Le BCG aurait-il un effet protecteur ?

La thèse en a séduit plus d’un, ainsi plusieurs pays à l’instar de quelques pays européens (pays bas, Allemagne, France, Espagne…) et l’Australie ont actuellement  initier des essais clinique, en vaccinant les médecins luttant en première ligne contre la crise, en vue de vérifier la théorie.

Sur ce, je vous remercie d’avoir lu ce billet jusqu’à la fin qui est mon premier, ceci dit je suis ouvert à vos commentaires.


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